mercredi 16 janvier 2008

Facade inside

Voici donc enfin la dernière partie de ce projet de longue haleine (près de deux ans entre la conception et l'installation de la dernière partie).
Il me faudrait un objectif grand angle pour tenter de montrer l'intégralité de ce travail ô combien difficile à photographier... En attendant que j'en achète un et que j'arrive à faire cette photo délicate, vous aurez l'oeuvre en trois parties séparées...

Voici ces 60 toiles au grand complet... 60 toiles, comme un clin d'oeil au génial "Grand canyon" de David HOCKNEY qui m'a pas mal influencé pour ce travail, même si l'effet recherché n'est pas le même. Je vous joins d'ailleurs un lien (je ne sais pas si ça va fonctionner ou non) vers une page internet assez bien faite sur le sujet.
http://davidhockney.online.fr/abiggergrand.htm

J'ai pris beaucoup de plaisir à réaliser ce travail, notamment parce que j'ai retrouvé la sensation oubliée depuis plus de 10 ans de peindre à même la toile (et non plus sur papier) et j'ai la sensation que le plaisir est partagé par les personnes qui m'ont commandé cette oeuvre...

14 commentaires:

Pinux a dit…

Tu parles de photographie et de David Hockney, ça me fait penser au très beau livre — et surtout très intéressant — que ce dernier a consacré aux secrets des grands maîtres de la peinture. Voila une lecture passionnante ! Car les rapports peinture / photographie sont encore à étudier, personne n'a vraiment fait le tour de ce thème qui ne se limite pas à "on fait de l'abstrait parce que la photographie a pris le relais du peintre figuratif"... Et ton travail me semble assez intéressant concernant ce nouveau clivage en art.

Jean-Louis MAGNET a dit…

Merci à la fois pour ton compliment et pour ton érudition jamais démentie... Concernant le livre d'Hockney, dont j'avais noté quelque part les références mais dont je n'avais toujours pas fait l'acquisition (mais celà ne saurait désormais tarder...)
Le rapport "amour/haine" entre photographie et peinture n'a jamais cessé de me passionner et même lorsque j'essaie de me frotter à d'autres problématiques, je retourne presque malgré moi sur ce thème passionnant qu'on a eu comme tu le dis de façon très pertinente, tendance à trop vite enterrer parfois.
Il est assez évident en effet que la plupart des grands peintres de la fin du 19ème siècle jusqu'à aujourd'hui se sont nourris de l'apport de la photo et je ne parle même pas de Richter ou d'autres qui ont fait de ce thème la base-même de leur art...

Pinux a dit…

Les propriétaires de la maison devraient faire visiter : c'est une œuvre in-situ ! Un peu comme faisait Chtoukine en ouvrant au public, le dimanche, sa maison pleine de Cézanne, Matisse et autres Picasso...

Jean-Louis MAGNET a dit…

Indeed, dear pinux...
C'est une des chose qui me plait le plus en fait: Essayer de faire résonner mon travail avec le lieu dans lequel il est situé. Si je peux arriver à saisir un peu l'essence de ce lieu, au niveau historique, architectural, symbolique ou sensoriel, je m'estime satisfait.
A défaut de visites libres, je pense un jour mettre des vidéos de ce genre d'installation sur mon futur site (bientôt prêt j'espère, une visite guidée comme une autre...

Beatrice a dit…

D’après ce que l’on peut voir sur les photos, oui, vous avez su saisir le lieu,
Avec vos « constellations » et la « femme en fleur » vous avez trouvé une nouvelle manière de décliner l’image, le ressenti et le sens d’une œuvre !
Tout est lié et… fragmenté

Merci, Pinux d’avoir indiqué le livre de Hockney

Cécile a dit…

Heureuse admiratrice au quotidien de Partition 55 ( c'est au matin quand les rayons du soleil l'effleurent latéralement que les roses dominent ) , j'aime beaucoup la "déclinaison" rose de Façade Inside .
Elle me console de Soleil dans une pièce vide de Hopper et du texte de Claude Esteban qui disent le néant de toute entreprise humaine .
Un peu comme dans les romans de Cormac MacCarthy où l'homme ne laissant que des lambeaux fragiles de son existence précaire et transitoire , ne demeurent à la fin , implacables, que l'animal ,le végétal et le minéral .

Jean-Louis MAGNET a dit…

C'est surprenant car un ami (celui de la "femme-poisson")a récemment cité Hopper en voyant ce travail en cours d'élaboration... Celà lui paraissait désincarné, ce qui ne cesse de m'interroger à l'heure où je suis justement en plein dans mes fleurs charnelles et, je l'espère, sensuelles: Peut-on exprimer une chose et son exact opposé dans le même laps de temps ?

Autrefois, bien avant que je ne ne réintroduise la couleur dans mon travail, on me disait que celui-ci était tourmenté, sombre, montrant une vision noire et pessimiste du monde... Peut-être que l'on n'échappe pas à ses tourments intérieurs malgré tous nos efforts et qu'ils transpirent même à travers la couleur la plus vive qui soit...
Il y a peut-être une forme d'humanisme désespéré et pessimiste dans mon travail.
En tout cas, l'idée de "lambeaux fragiles" me parle. Il m'a fallu plus de 15 ans d'arbres avant d'oser aborder la représentation humaine (et encore: De façon biaisée), ce n'est sans doute pas un hasard...

Pinux a dit…

Je ne suis pas d'accord avec la vision de l'homme de la femme-poisson. L'architecture, dans le travail de Hopper, souligne la solitude et le vide dans l'existence de l'homme moderne. Façades creuses, pièces vides, rues désertes... Avec Façade Inside, nous avons une approche charnelle ! Si, si !! La maison objet de désir, home sweet home. Le dehors est dedans, on est tout retourné... Les couleurs aussi soulignent cette idée. Il faut regarder ces peintures non comme un tableau isolé sur un mur, mais en rapport avec l'espace du foyer dedans/dehors.
Façade Inside me semble bien plus proche des piscines californiennes de Hockney que des cités du New Jersey de Hopper.

Jean-Louis MAGNET a dit…

Comme il est dur d'avoir du recul sur son propre travail ! Récemment, je parlais avec un autre ami du fait qu'il y a quantité de choses qui échappent au contrôle de l'artiste, y compris quand celui-ci fait tout pour tenter de "maitriser" son oeuvre et ce qu'elle véhicule... Ce que tu écris-là, mon cher pinux, est très proche de ce que j'ai cherché à mettre dans ce travail... Pour moi il y avait une forme de joie de vivre, de sérénité, en fait pour tout dire, j'avais constamment à l'esprit au moment de concevoir cette oeuvre, Garou-Garou, joué par Bourvil dans "Le passe-muraille"... Celà m'amusait d'imaginer que cette oeuvre serait un peu comme ce personnage...En bref, j'ai essayé, comme j'essaye dans la plupart de mes pièces in situ, de faire quelque chose d'un peu magique... Ceci dit, la vision, la sensation du Cécile et de Manuel, cet ami commun, celui à la "femme-poisson", est peut-être tout aussi pertinente et exacte, c'est ce sur quoi je m'interrogeais hier: Il y a peut-être quelque chose de désincarné, d'angoissant, dans ce travail et qui serait sorti "malgré moi"... Ce n'est pas à pinux, mon plus vieil ami, que je vais expliquer que j'ai aussi une face sombre et tourmentée...

Merci en tout cas, pinux, Cécile et Béatrice, pour vos remarques.

Jean-Louis MAGNET a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
wam a dit…

Passe muraille, c'est tout a fait cela, voir ce qui se passe au delà de des murs, pour se retrouver a l'intérieur, un défi à l'espace, au temps, une navigation entre plusieurs dimensions.
Je ne vois rien d'angoissant bien au contraire.

Jean-Louis MAGNET a dit…

Personnellement, la peinture d'Hopper ne m'a jamais vraiment angoissé, contrairement à celle de Bacon, Soutine ou Vladimir Velickovik (des artistes qui ont bien nourri mon coté tourmenté) par exemple, bien que j'avoue avoir ressenti beaucoup de plaisir mélé à cette angoisse devant leur travail... A coté, je trouvais les toiles d'Hopper presque reposantes, pas sereines, bien sûr, mais emplies d'un calme profond, l'angoisse y est sourde et, à mon sens, pas si lourde que ça...

wam a dit…

Personnellement plus qu'a Hopper, je pensais aux pénétrables de Soto,
On pénètre aussi cette œuvre, mais d’une façon tout a fait différente
Soto c’est physique, dans Façade Inside, c’est le mental qui est appelé.

Jean-Louis MAGNET a dit…

Cette remarque ne pouvait me faire plus plaisir... Dans mes installations, j'ai toujours été imprégné du travail de Soto et d'autres de cette mouvance: Le mouvement et la participation physique du spectateur y sont toujours convoqués.
J'ai enfin eu l'occasion d'entrer dans un pénétrable il y a de ça juste un an, à Madrid et c'était comme je l'ai toujours imaginé: Magique...