samedi 31 mars 2012

Mauvaises graines N°4 ("Un tableau qui ne veut pas marcher droit")

C'est à Dompierre sur Besbre, charmant petit village de la sologne bourbonnaise, que j'ai réalisé ma nouvelle installation dans le cadre des rencontres cinéma nature (si vous êtes à proximité ce week-end, profitez-en pour aller voir ce très sympathique festival).

J'ai décidé de planter mes "Mauvaises graines" sur le sol de cette salle, au pied de l'exposition de 32 tableaux de la série "Hanami". Le sous-titre de l'installation est très explicite quant à ma démarche: Une anamorphose qui souligne le fait que notre perception est avant tout une re-création mentale. En effet, lorsque l'on se tient à un endroit précis où un panneau attend le visiteur, l'on peut constater que le seul et unique carré de la pièce est constitué par ces feuilles de papier collées sur le sol et qui, alors que le visiteur se déplace pour voir l'exposition, apparait comme une forme géométrique changeante et imparfaite. Ce qui oblige le spectateur à une remise en question de sa perception habituelle de l'espace.

En plus des photos, je vais copier dans un message ci-dessous le texte que les visiteurs peuvent lire près de l'installation et dans quelques jours, je mettrai en ligne une petite vidéo pour que vous compreniez mieux comment "fonctionne" cette installation, même si, évidemment, rien ne remplace l'expérience directe.

L'exposition et l'installation seront visibles jusqu'au 21 avril à l'office de tourisme de Dompierre.

4 commentaires:

Jean-Louis MAGNET a dit…

MAUVAISES GRAINES N°4
(«Un tableau qui ne veut pas marcher droit»)

- Installation in situ -


Avec cette installation, je vous propose une expérience visuelle.
Il est démontré scientifiquement qu'une très grande partie de ce que nous percevons de la réalité est en fait une reconstitution mentale. Il y a donc une grande différence entre le réel tel que nous le percevons et le réel lui-même.
Le tableau que vous voyez sur le sol est une anamorphose, c’est à dire une image que l'on ne peut distinguer nettement que lorsque l'on se tient à un endroit précis. Or que voyez-vous exactement lorsque vous vous tenez à ce point ? Un rectangle ? Un trapèze ?
Non, vous êtes face à un carré parfait. Vous allez devoir vous «battre» contre vos habitudes et vos certitudes car le tableau à cet endroit précis est bien un carré, le seul et unique d'ailleurs de toute la pièce: En effet, toutes les autres parties de la pièce (et notamment les autres tableaux sur le mur) répondent au lois de la perspective et donc sont plus ou moins inclinés, plus ou moins obliques. Même si vous savez pertinemment que les carreaux du sol sont au départ des carrés, ce que vous montrent vos yeux, ce sont des trapèzes, des losanges, voire des triangles. La preuve en est cette photographie que j'ai pris sitôt l'œuvre installée et que j'ai imprimé sans la retoucher.

Cette installation vous oblige donc à VOIR autrement et à PENSER le réel autrement, ce ce qui est pour moi la fonction principale d'une œuvre d'art. Dans cette installation, je cherche à souligner le fait qu’un paysage n’est qu’une illusion, une image mentale, un concept. C’est le cadre qui fait le paysage.


Quant au titre de cette installation « Mauvaises graines», il évoque l'esprit rebelle et sauvage qu'il y a en chacun d'entre nous et qui est à l'origine de toute œuvre d'art. Ce même état d'esprit que l'on voit éclore à l'enfance ou à l'adolescence chez la plupart des êtres humains et qui porte en lui un élan vital et une forme de rébellion spontanée, avec ses aspects positifs et négatifs, contre l'ordre existant.
Ce champ de coquelicots poussant au milieu d'herbes folles m'évoque cette forme d'insoumission naturelle. Comme l'actualité nous le montre régulièrement, tous les systèmes dictatoriaux tentent systématiquement de faire disparaître toute trace de contestation dans leur pays et je me suis toujours demandé si la révolte, l’insoumission, pouvaient renaître systématiquement comme renaissent les fleurs chaque printemps dans les champs fauchés.
Cette installation est la quatrième version de la série, très différente des trois autres puisque celles-ci étaient réalisées avec d'autres matériaux, situées en plein air, en volume et mobiles.

wam a dit…

Encore une très belle expo, bravo, cette anamorphose est vraiment bien réussie.
Oui l'insoumission, la révolte peuvent renaître, nous le voyons en ce moment même, et l'avons vu récemment. Il arrive toujours un moment ou les peuples sont saturés des systèmes dictatoriaux. A croire que les dictateurs ne révisent pas l'histoire.
Quelles sont les dimensions de cette installation ?

Jean-Louis MAGNET a dit…

Euh... Bonne question, Anna: J'ai complètement oublié de la mesurer ! Elle fait environ 8 mètres sur 3 mais j'y retourne dans quelques jours et promis, je te dirai ça précisément...

Jean-Louis MAGNET a dit…

Voici donc les dimensions de l'oeuvre: 556 cm x 190 cm (et 80 cm à sa base)